Roploplo Inc.

Une riche héritière, se contrariant pour une vulgaire histoire d’amour, est retrouvée sans vie, un beau matin de novembre. Etudiante en art à l’université de Chicago, la victime est la fille cadette de Monsieur Roploplo. Monsieur Ropoplo est le président du numéro un mondial du sein siliconné. Fils du fondateur de cet empire industriel à gros calins revitalisant, il est à ce titre l’une des plus grosses fortunes de sa contrée.

A n’en point douter, il s’agit d’une belle et ténébreuse affaire.

(Prose villepinesque)

De ce tragique huis-clos,
Rien ne fut exfiltré,
Jusqu’à ce que jour
Où le porte-parole de la Roploplo Incorporated.,
Jean Bonne-tappette se fasse
Arraisoné par l’AFP
Au détour d’une impasse.

(Fin de la prose villepinesque)

Ce communiquant en tout genre annonça que Mademoiselle avait succombé à une attaque d’apoplexie alors qu’elle récitait son chapelet. L’explication n’avait rien d’invraisemblable. On savait la jeune femme fort pieuse comme son père, en atteste leur collection de crucifix en latex. “La foi dure et la souplesse”, telle était la devise d’un christianisme plus que tolérant.

Mais quelque chose ne collait pas. Les correspondants de la presse américaine, menant aussitôt l’enquête, ne trouvait aucune mention de l’accident dans le registre paroissiale de l’Eglise Supra-Catholique de Chicago. La police non plus.

En revanche, des pistes plus probables commencaient à se profiler. Selon le “nouveau Policier”, Mademoiselle aurait été retrouvée pendue dans le confessionnal du présbytère de l’abbé Michaudière. D’après plusieurs témoignages, la jeune femme souffrait de dépression. Loin de sa famille, elle aurait été très affectée par le veto opposé par ses parents à ses projets de mariage. En délicatesse avec la Roploplo familly, le soupirant aurait mis fin à leur liaison. La thèse de l’accident ne pouvait plus donc tenir.

Dimanche dernier, le porte-parole de la Roploplo Inc. revenait sur ses premières déclarations et évoquait le suicide de Mademoiselle. «Lorsque l’affaire a éclaté, nous ne disposions pas d’informations vraisemblables », se justifiait-t-il vainement.

Mais toute la lumière était loin d’être faite sur une affaire qui survenait au mauvais moment pour la Roploplo Inc.. Plusieurs de ses hauts dirigeants vennaient d’être condamnés pour trafic d’influence. Le père de Mademoiselle était lui-même dans la verge de la justice seigneuriale. Soigné en septembre dans un centre anti-cancer de Houston, on avait perdu sa trace depuis. Il n’était même pas venu à l’enterrement de sa fille…